Une réinsertion réussie... mais un employeur patient ! - 14/05/18
Résumé |
Mr T 42 ans, travaille depuis une vingtaine d’années sur une chaîne de montage de camions. Il est connu pour avoir un léger ralentissement psychique, est efficace dans son travail mais peu intégré dans son équipe. Socialement, il fréquente rarement sa famille et a une conjointe depuis 3 ans. Brutalement, il s’absente pour un long arrêt maladie durant lequel il est hospitalisé. Le courrier du psychiatre nous informe qu’il suit Mr T depuis plusieurs décennies et qu’il a souffert d’un épisode dépressif majeur avec caractéristiques psychotiques. Lors de sa visite de pré reprise, il arrive hébéter, bradypsychique, présente un ralentissement psychomoteur. Il pleure tout au long de la consultation et ne parle quasiment pas. Il bénéficie un lourd traitement psychotrope et d’une consultation hebdomadaire au centre médicopsychologique (CMP). Seule une reprise à temps partiel thérapeutique sur un poste très adapté peut être envisagée. Après de multiples échanges avec son employeur et eût égard à son passé professionnel reconnu, un mi-temps est accepté sur des tâches extrêmement répétitives : il s’agit de l’assemblage de 2 pièces à l’aide de 4 vis. Une première tentative de reprise se solde par un échec, Mr T repart pour plusieurs semaines en arrêt maladie quelques jours après son retour. Puis Mr T revient dans un état psychologique assez semblable, son employeur se montre extrêmement réticent mais autorise finalement le mi-temps thérapeutique après discussions. On évoque la possibilité d’une invalidité avec le patient. Malgré de multiples tentatives, les contacts entre le médecin du travail et le psychiatre sont rares, cependant celui-ci s’oppose à une demande d’invalidité rapide. Finalement, Mr T tient ce poste à mi-temps durant 8 mois. Puis, il travaille durant 4 mois à 80 % et reprend à 100 %, 12 mois après son retour, toujours sur un poste adapté. Au fil du temps, son état clinique s’améliore, il suit son traitement psychotrope avec assiduité, ainsi que ses consultations spécialisées. Sa famille a pris conscience de l’importance de son soutien et l’accompagne. Il n’a pas pu reprendre la charge standard qu’il occupait initialement mais il travaille durablement sur un poste allégé et il est capable d’échanger de manière succincte sur son état émotionnel. Il a ainsi retrouvé une santé psychique compatible avec un emploi adapté en milieu ordinaire. En conclusion, il convient de souligner la bienveillance et la patience de l’employeur à l’égard de Mr T. Mais son professionnalisme et son comportement avant cet épisode, ainsi que la taille et la sensibilité de l’entreprise au handicap constituent des éléments essentiels dans la décision de celle-ci de supporter la durée de la réinsertion.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Bienveillance, Employeur, Professionnalisme, Traitement, Réinsertion
Plan
Vol 79 - N° 3
P. 291 - mai 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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